Les histoires de Nanou

Les histoires de Nanou

Le Petit Prince et les étoiles

  Il était une fois, dans un royaume pas si lointain, un jeune prince que tout le monde appelait « Petit Prince ». Non qu’il soit petit, du haut de son 1m90 il dominait presque tous les sujets du royaume, mais c’était ainsi que l’appelait sa mère lorsqu’il était enfant et c’était resté.

 

  Le Petit Prince avait deux passions dans la vie : son cheval et les étoiles. Et ce qu’il préférait, c’était se promener à cheval sous les étoiles.

  Un hiver, le ciel se couvrit durant des semaines. Une couche épaisse de nuages cachait le soleil, la lune, les étoiles et les avions.

  Petit Prince n’en pouvait plus. Des villageois, sensibles à son désarroi, avaient décidé d’allumer des lumières au loin pour donner l’illusion d’un ciel étoilé mais cela ne suffisait pas au Petit Prince.

  Une nuit qu’il se promenait à la recherche d’une éclaircie avec Astre, son fidèle destrier, il entendit les pas d’un autre cheval. Qui pouvait bien arpenter le royaume au beau milieu de la nuit ? Sur ses gardes, il attendit que les pas se rapprochent.

  Il vit arriver une belle jument tachetée et sur son dos, une fine silhouette. Le tandem se rapprocha encore et il vit que la silhouette appartenait à une jeune fille. Une jeune fille qui ne le vit pas pour la simple et bonne raison qu’elle avait les yeux rivés vers le ciel. Cela donna au Prince tout le loisir de l’observer. Elle avait des cheveux châtain qui lui tombaient sur les épaules, de grands yeux sombres en amande et des lèvres rose dont le prince ignorait qu’elles étaient maquillées avec un rouge à lèvres mat hyper tendance mais dont il savait que la teinte lui allait bien. Elle portait une tenue de cavalier, fait inhabituel pour une jeune femme.

  Il toussota pour attirer son attention. Elle tourna les yeux vers lui, l’air à peine surpris.

- Salut, dit-elle

- Bonjour, répondit-il, un peu décontenancé. Que fais-tu seule dans la nuit ? poursuivit-il

- Je cherche la lune. Et toi ?

 

  En entendant cela, le petit prince, qui était déjà sous le charme, sentit la fièvre de l’amour envahir son cœur. Il était sûr qu’une force supérieure avait mis cette jeune fille sur son chemin pour lui.

  Cependant, la jeune fille ne semblait pas partager cette fièvre amoureuse. Elle regarda à peine le prince et sans attendre sa réponse, continua son chemin, les yeux toujours levés au ciel.

- Attends !

- Quoi ? dit-elle sans le regarder

- Je suis le prince...

 

Elle fronça les sourcils

- Ok, c’est cool. J’ai fait quelque chose de royalement répréhensible ?

- Heu, non...

- Je peux y aller alors ?

 

  Petit Prince était de plus en plus perplexe. Il n’avait pas l’habitude d’être traité ainsi et les sentiments que lui inspirait la jeune fille l’avaient comme pétrifié.

  N’ayant rien à lui reprocher, et pas de faux prétexte non plus, il la laissa partir.

 

  Il rentra au château et se mit au lit, fiévreux.

  Dans son sommeil il parlait d’une jeune qui cherchait la lune, ce qui inquiéta ses proches. Ils craignaient qu’il ait perdu l’esprit.

  Après une semaine, il se leva, affaibli, et convoqua ses conseillers. Il fit faire un portrait-robot par le portraitiste du château et envoya aux quatre coins du royaume des soldats chercher la jeune fille.

  Il la chercha pendant une semaine. Puis pendant un mois. Puis ce furent trois. Et six. Un autre hiver passa. Et même les jours où les étoiles étaient présentes, il ne les voyait pas. Les étoiles avaient depuis longtemps été remplacées dans son esprit et dans son cœur par les yeux de la jeune fille.

 

 

  Il avait promis une récompense à quiconque pourrait le renseigner sur la jeune fille. Cela eu pour effet d’attirer au château des dizaines de témoins présumés. Ainsi la jeune fille avait été vue simultanément au four et au moulin, au Colombus Café et au Starbucks, chez Minelli et chez Mango. A chaque fois, Petit prince, le cœur plein d’espoir, se rendait sur les lieux, et à chaque fois, il rentrait un peu plus déprimé, comme s’il l’avait une nouvelle fois perdue.

  Un jour pourtant, un vieillard vint à lui. Après tant de mois à vivre déception sur déception, Petit Prince accepta de l’écouter, mais était convaincu de ne pas trouver la jeune fille au bout du chemin.

- La jeune fille a les cheveux clairs et des yeux sombres ?

- Oui, comme l’indique l’avis de recherche royal... répondit le Prince, d’un air las

- Et elle portait une tenue de cavalier ?

 

Petit prince, qui était alors assis sur son trône, se redressa vivement. Car ce détail, il n’était mentionné nulle part.

- Oui, effectivement !

- Dans ce cas, je sais qui est cette jeune fille. Mais je te préviens, elle n’est pas facile à approcher, loin s’en faut.

- Peu importe, j’irais la chercher sur la lune s’il le faut. Où est-elle ?

 

A ces mots, une lueur d’amusement éclaira le visage du vieillard.

- Est-ce que je peux te faire confiance ?

- Evidemment. Où est-elle ?

- Elle est au plus près de la lune justement. Sur la montagne qui domine le royaume, là où les neiges sont éternelles.

- Très bien, j’y vais, fit-il en se levant.

- Attends Petit Prince ! Le chemin est semé d’embûches. Prends avec toi cette canne à selfies et cet Ipod.

- C’est curieux comme outils pour affronter des embûches... Je prends tout de même avec moi Astre et une épée.

- Si tu veux...

 

  Le prince quitta le château à toute allure. Il mit une journée à atteindre le pied de la montagne et Astre gravit difficilement la côté escarpée qui menait au sommet. Par moment, le prince devait descendre de cheval pour le guider parmi les cailloux et les pierres qui le faisaient glisser. Plus ils avançaient, plus il faisait froid.

- Il aurait pu me donner une couverture au lieu de cette canne à selfies qui ne sert à rien... grommela-t-il

 

Après trois jours d’une marche pénible, Astre et Petit Prince arrivèrent au sommet de la montagne. Là-haut, le calme les accueillit. Autour d'eux tout était blanc, pur, comme enveloppé dans du coton et de la douceur. Le ciel était d'un bleu intense et limpide. Il semblait si proche que le prince avait l’impression de pouvoir le toucher. L’air était plus léger. Plus serein. Il vit son royaume caché par un nuage de pollution et se promit d'aller à Paris signer un accord dès qu'il serait redescendu.

  Il regarda autour de lui et ne vit rien. La montagne était déserte, en tout cas elle le semblait. Il commença à marcher, laissant des traces de pas dans la neige. Et après ce qui lui parut une éternité il se rendit compte qu'il y avait d'autres traces que les siennes... Alors qu'il regardait autour de lui, il entendit une voix qu'il aurait reconnue entre mille.

- Salut

 

  Elle n’avait pas changé. Des milliers d’étoiles brillaient toujours dans ses yeux. Il ne savait pas si son cœur battait à toute vitesse ou s'il s'était arrêté. Il ne savait pas non plus s’il allait rire ou pleurer. Mais cette fois, il n’avait pas l’intention de perdre ses moyens.

- Salut, répondit-il

- Tu cherches quelque chose ? Personne ne vient jamais ici.

- Oui je cherche quelque chose. Toi. Ça fait plus d’un an que j’ai fouillé les moindres recoins de mon royaume pour te trouver.

- Je te l’avais dit pourtant, je cherchais la lune. C’était en hauteur que tu aurais pu me trouver, pas dans les recoins.

- Sans doute…

- Tu as quelque chose de prévu ce soir ?

- Heu… Non, pas vraiment

- Parfait. Alors il faut que tu assistes au lever de la lune ce soir. Suis-moi.

 

Il la suivit, Astre sur ses talons. Elle le mena jusqu’à une petite maison, dont les fenêtres étaient aussi rose que son rouge à lèvres mat toujours hyper tendance.

Elle lui montra deux transats :

- Installe-toi ici et regarde le ciel

 

  Il s’installa et regarda le ciel. Il ne l’avait jamais vu d’aussi près, il n’avait jamais eu l’impression d’être aussi insignifiant dans l’univers. Ses yeux se remplissaient de couleurs dont il ne soupçonnait même pas l’existence. Puis lentement, l’obscurité remplaça la lumière et il vit une, deux, puis mille étoiles. La voie lactée se dessina au-dessus de lui. Et la lune monta, comme un lever de soleil. Elle semblait immense, et il pouvait distinguer tous ses cratères.

- C’est magnifique

- Je sais

- Mais moins que toi

  Elle rougit mais dit :

- Je sais

- Tu mens

- Je sais… Tu sais ce qu’il manque ? De la musique. J’ai oublié de prendre mon mp3 en montant ici.

  Le prince remercia mentalement le vieillard

- Tu sais quoi ? J’ai un Ipod justement !

- Génial ! Tu es un prince surprenant. Tu as quoi comme musique ?

- Aucune idée… Heu non, ce n’est pas ce que je voulais dire. Je laisse la surprise.

 

  Il alluma l’appareil et entendit les premières notes d’une chanson de Ed Sheeran. Il remercia une deuxième fois le vieillard mentalement.

- C’est PARFAIT, c’est juste ce qu’il fallait. Mais tu sais ce que j’ai envie de faire ? Immortaliser cet instant. Mais j’ai oublié de prendre ma canne à selfies.

- Tu sais quoi ? J’en ai une justement !

- Oh, mais c’est incroyable ! Tu es monté ici avec une canne à selfies, un Ipod et… pas de couverture ?

- Personne n’est parfait…

- Pourtant pour moi tu l’es…

 

  La jeune fille se rapprocha de lui pour faire un selfie. Petit prince était au bord de la syncope. Non seulement elle venait de lui dire qu’elle le trouvait parfait mais en plus il sentait ses cheveux lui chatouiller le visage. Il était au paradis.

- Dis-moi tu ne trouves pas que cette histoire devient un peu longue ?

- En ce qui me concerne, elle pourrait durer pour l’éternité…

 

 

Fin



01/05/2019
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