Les histoires de Nanou

Les histoires de Nanou

La Princesse et la pluie

  Il était une fois dans une contrée lointaine une princesse qui aimait les fleurs. Elle en avait de toutes sortes et de toutes les couleurs, elle en portait parfois dans ses cheveux. Le soleil, son ami, brillait chaque jour pour l’aider à faire pousser ses fleurs. Mais un jour, à cause de Trump, le soleil se dérégla. Il se mit à briller sans s‘arrêter. La chaleur était insupportable et bientôt, les fleurs commencèrent à se dessécher.

  La princesse était malheureuse, elle commença à croire que Murphy, le mauvais génie, avait ensorcelé Trump pour mieux tuer ses fleurs (la princesse est un peu mégalo)

  Dans une autre contrée lointaine, un joueur de flûte eut vent de cette sécheresse soudaine et de ce soleil qui brillait en permanence, empêchant les gens de dormir. Comme si le soleil était aussi fâché avec Morphée. Il alla à la rencontre de la princesse et lui proposa de faire venir la pluie.

- Comment feras-tu ? demanda la princesse, sceptique

- C’est simple, j’écrirais une chanson avec un code secret qui dira au ciel « si trop de soleil = nuage + pluie, si princesse triste = ciel bleu », avec un tas de ( < } dans la partition

- En échange de quoi ferais-tu ça ? demanda la princesse, méfiante cette fois

- Ton prix sera le mien, je te laisse juger de la valeur de ma musique

 

  Bien qu’elle n’aimât pas les prix non fixes, elle accepta de le laisser faire. Il se mit à jouer un air spécial avec sa flûte spéciale.

Une sorte de frisson parcourut le ciel. Le soleil sembla rétrécir. Bientôt il disparut et il fit nuit. A peine la lune fit elle son apparition que des nuages vinrent la cacher. Des nuages chargés de pluie.

  Celle-ci commença à tomber en gouttes éparses puis de plus en plus nombreuses. Bientôt ce fut comme si des seaux d’eau tombaient du ciel. La terre avide absorbait l’eau sans fin. Lorsque le soleil reparut enfin, sous bonne garde, un nuage de chaque côté, la nature avait comme ressuscité.

  La princesse vit avec une joie non feinte ses fleurs s’ouvrir.

- Tu as réussi ! J’avoue que je n’y croyais pas

- Princesse pessimiste ?

- Seulement quand je vois mes fleurs flétries. Je te dois une récompense...

- Effectivement...

- Sincèrement, je n’ai pas de bien assez précieux à te donner pour te remercier d’avoir sauvé le royaume et mes fleurs. Qu’est-ce que tu voudrais ? De l’or ?

- L’or ne m’intéresse pas

- Des terres alors ?

- Non plus

- Quoi d’autre ?

- Quoi de plus précieux que la princesse du royaume ?

- Heu... Après l’affaire Weinstein, on pourrait assimiler ta demande à du harcèlement sexuel.

- Je ne te demande rien de la sorte. Juste de te promener avec moi un soir sous la pluie.

- Sous la pluie ?!

- Après tout, c’est pour ramener la pluie que tu m’as fait venir.

  La princesse réfléchit une fraction de seconde à sa coiffure parfaitement maitrisée mais répondit :

- Ok pour une promenade sous la pluie un soir. Je mettrais des bottes en caoutchouc.

- Je suis sûr que ça doit très bien aller avec une robe de bal.

 

  Le soir venu - car désormais le soir venait, le joueur de flûte ayant mis en place un programme musical pour recadrer le soleil en cas de dérèglement, c’était une sorte de SAV – il alla chercher la princesse pour leur balade sous la pluie. Elle portait une robe en brocart rouge brodée de fil d’or avec des petits strass qui brillaient dans la nuit. Pour toute coiffure, elle avait une rose blanche dans les cheveux. Le joueur de flûte émit un petit sifflement admiratif. La princesse haussa le sourcil.

- Désolé, je sais, Weinstein nous a cassé le délire... Jolie robe...

- Et que dis-tu des bottes ?

  Elle lui montra ses bottes en caoutchouc dorée

- Effectivement, ça va très bien avec la robe, dit-il avec un sourire

 

  Ils partirent donc en balade dans le jardin du château.

- Le problème avec la pluie, c’est que la nuit, on ne voit pas la lune, dit-elle

- C’est vrai. Mais il ne sert à rien à la lune d’être visible si elle est éclipsée par une jolie princesse

  La princesse rougit

- Baratineur va

- Pas du tout, c’est la vérité.

 

  Ils marchèrent longtemps, et parlèrent beaucoup. La princesse arriva même à oublier qu’elle était trempée, mais était tout de même heureuse que le joueur de flûte ait réglé le thermostat sur 25°C. Contre toute attente, et alors qu’elle n’avait rien en commun avec lui et qu’ils venaient de deux mondes différents, elle apprécia leur échange. Elle ne l’avait jamais dit à personne, mais elle se sentait parfois seule, son statut de princesse la rendant inaccessible.

- C’est pour ça que j’aime les fleurs. Elles ne demandent rien et se fichent de qui on est, du moment qu’on s’en occupe bien.

- C’est pareil avec la musique codée

- Alors finalement nous avons davantage en commun que ce qu’il peut sembler au premier abord.

  La fin de la soirée arriva. La princesse et le joueur de flûte se trouvaient sur le perron et il fallait se dire au revoir.

- Bonne nuit princesse

- Bonne nuit

  Alors qu’elle se retournait pour rentrer dans le château, le joueur de flûte la rappela

- Princesse !

- Qu’est-ce qu’il y a ?

- Dans le jargon de la musique, ce que nous avons vécu ce soir s’appelle une connexion. Ça te dit qu’on vive une histoire en wifi avec connexion automatique ?

 

  La princesse sembla hésiter. Le joueur de flûte était au supplice. Puis elle sourit et dit :

- Rien ne me ferait plus plaisir. Du moment que la connexion est sécurisée et que les ondes n’abîment pas mes fleurs.

- Naturellement..

 

 

Fin



01/05/2019
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