Les histoires de Nanou

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Episode 7 : Papy, raconte-moi une histoire

Mai 2057. C’est le printemps, pourtant si l’air est doux, il pleut sans discontinuer. Le petit garçon joue par terre avec des figurines pendant que son grand-père somnole dans son fauteuil.

Après un moment de calme relatif, le garçon commence à s’ennuyer. L’entendant soupirer bruyamment pour attirer son attention, le grand-père lève un sourcil sans ouvrir les yeux.

 

- Papy ?

- …

- Papy ??

- …

- Papyyyyyyy !!

- QUOI ??

- Tu dors ?

Le grand-père grogne.

- Je dormais oui.

- Je m’ennuie…

- Va jouer dehors.

- Il pleut !

- Ah…

- Papy, raconte-moi une histoire !

Le grand-père grogne de nouveau mais se redresse pour se mettre à l’aise. Son petit-fils en profite pour grimper sur ses genoux et s’asseoir confortablement lui aussi.

- Tu sais, à une époque, pour un petit garçon la pluie n’aurait pas été un obstacle pour sortir.

- Ah bon ?

- Quand ton père avait à peu près ton âge, on a connu une période très sombre.

- La guerre ?

- Presque… Le coronavirus.

- Oooh, c’est une histoire qui fait peur !

- Je ne te le fais pas dire… C’était un virus venu d’Asie, il attaquait tout le monde, sans distinction, tout le monde en avait peur, mais peut-être pas suffisamment. On mettait parfois des jours avant de savoir qu’on était atteint, certains étaient très très malades, et d’autres étaient malades sans même le savoir. Après quelques mois, le virus est arrivé ici. Alors pour l’éviter, on a attendu de voir un peu comment ça se passait, on nous a demandé de nous laver plus souvent les mains et après, quand tout le pays a été touché, on nous a confinés.

- ça veut dire quoi confinés ?

- ça veut dire rester à la maison toute la journée et ne sortir que pour les choses vraiment vitales, comme acheter à manger ou des cigarettes.

- Ooooh… La cigarette ça existait encore à l’époque ?

- Et oui…

- Et les gens restaient chez eux ?

- La plupart oui. Sauf ceux qui faisaient un travail vraiment utile, comme les caissières, les médecins et les infirmières, les éboueurs, les facteurs, les taxis, les pharmaciens, les boulangers… Pour tous les autres, il fallait une attestation pour sortir, c’était comme un visa mais pour aller à l’épicerie. Alors à l’époque, si on avait pu sortir quand on voulait, la pluie ne nous aurait pas dérangé.

- Et il n’y avait pas d’école ?

- Non, les parents faisaient l’école à la maison. Avec ton père on a connu des leçons compliquées. Surtout que moi je faisais mes devoirs de travail aussi à la maison. C’est arrivé souvent que mon chef entende ton père hurler qu’il ne voulait pas faire ses maths pendant nos réunions. Une fois j’étais tellement énervé que je l’ai envoyé dehors avec un chèque déjà rempli pour payer l’amende si la police passait par là.

- ça a duré longtemps ?

- Des semaines… C'était dur parce qu'on avait peur des autres aussi. Qu’ils soient malades. Ou qu’ils achètent le dernier paquet de papier-toilettes ou le dernier paquet de pâtes. On pensait au temps d’avant, quand on allait au restaurant, au cinéma, au parc. Quand on oubliait de se laver les mains et que ce n’était pas grave, juste sale. Quand les gens vous bousculaient dans la rue alors que désormais ils savaient se tenir à distance. On arrivait même au point que ça nous manquait de prendre le métro.

- C’était dur alors ?

- Oui mais parfois il y avait de belles choses aussi…

 

A suivre…



30/03/2020
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