Les histoires de Nanou

Les histoires de Nanou

Episode 3 : les ennuis commencent

Cher Amour,

 

Hier matin, dès que le réveil a sonné, à l’instant même où j’ai ouvert les yeux, j’ai pris la pleine mesure de ce que signifierait réellement le confinement. J’ai compris à quel point tu allais me manquer et j’ai compris également que ce sentiment, ce vide, ne faisaient que commencer.

Avec tes apparitions fugaces de ces derniers temps, j’avoue que je t’ai laissé passer au second plan. Alors que le confinement se profilait, d’autres considérations ont réclamé mon attention, ce nouveau quotidien auquel il allait falloir s’adapter en essayant de garder le plus possible une vie normale, de relativiser. La crise est mondiale, ma petite personne ne fait pas le poids, inutile de se plaindre, pour sortir le plus vite possible de cette situation il faut justement ne pas sortir… Bref, j’étais résignée à cette situation et je m’y préparais.

 

Philosopher a été simple avant hier matin. Hier j’ai arrêté d’être raisonnable, j’avais envie d’être capricieuse, de bouder, de crier à l’injustice, de réclamer ta présence et d’en profiter. J’ai ressenti les étapes du deuil : le choc, la colère, la négociation et la dépression en moins de dix minutes, mais aujourd’hui encore je n’ai pas atteint l’étape de l’acceptation. Comment vais-je faire sans toi ? Comment ai-je pu oublier qu’il me faudrait vivre sans toi, si proche mais pourtant intouchable ? Deux semaines de confinement renouvelables… Avec l’hiver qui se termine c’est comme si on avait été séparés 6 mois ! Le manque ne date (littéralement) pas d’hier, mais il est devenu étouffant. Je le vis comme une injustice.

Car oui, hier matin le ciel était d’un bleu limpide, la lumière était intense, l’air avait un parfum particulier, et pas seulement parce qu’il y avait moins de trafic donc moins de pollution. Il y avait quelque chose de magique, de positif et de beau dans l’atmosphère. Et je ne pouvais en profiter que par cette fenêtre qui me semblait d’un coup si minuscule, un simple hublot pour mon cœur meurtri.

Tu es venu préparer ton grand retour, insensible à l’état dans lequel j’étais, fier et hautain, indifférent à tout ce qui se passe, puisque pour toi la vie continue.

Car aujourd’hui, c’est le printemps. Tu es là, et moi je suis confinée.

 

Alors cher amour, peut-être n’es-tu venu hier que pour te rappeler à notre bon souvenir, pour nous narguer, mais j’espère au fond de moi que c’était pour nous donner un peu d’espoir. Et nous signifier de rester tranquille pour pouvoir… sortir avant l’été.

 

A suivre...



20/03/2020
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 9 autres membres